2018 Prix du livre commémoratif Alanna Bondar

POUR LES HUMANITÉS ENVIRONNEMENTALES ET L’ÉCRITURE CRÉATIVE

Merci à tou(te)s les autrices et auteurs ainsi qu’aux éditrices et éditeurs qui ont participé à l’édition 2018 du Prix du livre dédié à la mémoire d’Alanna Bondar. En ces temps de crises environnementales, il est très réconfortant et inspirant de constater à quel point les travaux des participant(e)s touchent à une aussi grande variété de sujets, avec une créativité et une attention très pertinentes sur les enjeux et défis auxquels nous faisons face actuellement. L’abondance et l’excellente qualité des travaux qui ont été proposés n’ont pas facilité la tâche du jury! Après d’ardentes délibérations, le jury a sélectionné cinq finalistes, mais tient à souligner et féliciter toutes les contributrices et contributeurs de cette année pour avoir produits des ouvrages aussi rigoureux et captivants.

La gagnante de 2018

Molly Wallace, Risk Criticism: Precautionary Reading in an Age of Environmental Uncertainty. University of Michigan Press, 2016. Débordant d’analyses brillantes et diverses touchant à la littérature, l’écologie et même la psychologie, l’ouvrage Risk Critiscism de Molly Wallace s’interroge sur la saturation de la planète par les matériaux dangereux et à haut risque comme les déchets nucléaires, les agents chimiques toxiques, le plastique ainsi que les mines d’uranium. Tout en regroupant les courants majeurs des méthodes actuelles de l’écocritique, Wallace arrive à pousser plus loin ces méthodes, démontrant par le fait même comment comprendre et répondre à ces enjeux en cet « ère d’incertitude environnementale ».

Les finalistes de 2018

Dorothy Christian and Rita Wong, Editors, Downstream: Reimagining Water. Wilfred Laurier University Press, 2017. Downstream, édité par Dorothy Christian et Rita Wong, est un ouvrage collectif dont le point focal est l’eau comme source de vie, en tant que noyau central de l’activisme autochtone et comme « sang de la terre ». Les essais créatifs de ce volume sont inspirants et très intenses, puisqu’on y suit à la trace les fluctuations des eaux à travers le globe. Les nombreuses leçons pouvant être tirées du rapport à l’eau dans cet ouvrage nous enseignent notamment l’interdépendance et la perméabilité, tout en créant, à travers la mise en commun de leurs travaux, une forme d’éthique de l’eau inclusive, responsable et transformatrice.

 

Jack Davis, Faunics. Pedlar Press, 2017. Tout au long de Faunics, Jack Davis s’amuse à tenter de trouver le bon mot pour nommer avec précision et justesse l’instant de rencontre ntre lui-même et les différentes espèces animales situées principalement au Nord-Ouest de l’Ontario. Son spectre de référence et de recherche est impressionnant (de Duns Scotus à Robert Bringhurst, ou encore des ouvrages The Tempest à Tender Buttons), tout comme son rapport au contact inter-espèce, parfois teinté de silences et de coupures, ce qui ajoute un lyrisme et un poids philosophique indéniable à son œuvre. Les poèmes émergent comme des créatures langagières surprenantes, « créant » une musique à partir d’enjeux environnementaux.

 

Derek Gladwin, Contentious Terrains: Boglands, Ireland, Postcolonial Gothic. Cork University Press, 2016. Grâce à une prose convaincante et vivante, Derek Gladwin, dans son ouvrage Contentious Terrains, explore le paysage souvent mal apprécié des marécages irlandais. Gladwin entraîne les lecteurs dans le corps du marais. Il retrace les métaphores qui y sont associées, dans toute la richesse physique de ces milieu boueux. Il puise ces images dans un vaste corpus de la littérature irlandaise. Présentant les marécages en tant que partie prenante de l’histoire tumultueuse des luttes sociales et du conflit colonial, Gladwin démontre une compréhension à la fois de l’histoire et de la littérature environnementale sur le sujet, tout en laissant percevoir des solutions possibles pour protéger les milieux marécageux en danger.

 

Stephanie Postthumus, French Ecocritique: Reading Contemporary French Theory and Fiction Ecologically. University of Toronto Press, 2017. Dans French Ecocritique, Stephanie Posthumus expose avec rigueur et richesse la culture spécifique à la littérature et à la théorie françaises et la manière dont ces dernières se font l’écho des discours écocritiques anglophones contemporains. Analysant les travaux de quatre théoriciens et de quatre romanciers français, Posthumus produit une étude unique et vaste sur la production française récente en lien avec plusieurs enjeux environnementaux, incluant les études animales, l’écoféminisme et le post-humanisme.

 

 

Ce prix a été nommé en l’honneur du Dr. Alanna F. Bondar (1968-2014), une écocritique, écofeministe, poète, enseignante et membre fondatrice de l’Association pour la littérature, l’environnement et la culture au Canada (ALECC). Alanna a occupé le poste de professeure associée à Algoma University de Sault Ste. Marie en Ontario. Elle est l’autrice du livre poétique et narratif There are many ways to die while travelling in Peru (Your Scrivener Press, 2011), ainsi que de plusieurs autres essais académiques. Alanna a également été animée d’une profonde passion pour l’enseignement, l’écriture, le jardinage et le tricot.

Le prix, d’une valeur de 500$, sera attribué par un comité de l’ALECC et annoncé à chaque deux ans lors de la conférence biennale de l’association. La dernière conférence a eu lieu en juin 2018 à Victoria, Colombie-Britannique.

Dans l’esprit de l’œuvre d’Alanna Bondar, le comité cherche à récompenser et à offrir ce prix aux auteurs et autrices de livres provocateurs, originaux et stimulants portant sur des thèmes liés à l’environnement. Les livres interdisciplinaires qui visent un large public et qui vont au-delà des humanités environnementales sont également éligibles et encouragés à être proposés en candidature. En reconnaissance de la passion d’Alanna pour l’enseignement, le comité souhaite aussi recevoir des nominations de livres sur les thèmes de l’environnement qui inspirent des étudiant(e)s de tous niveaux et disciplines. Les genres peuvent inclure la fiction, la poésie, le drame, la non-fiction créative, des monographies académiques et des ouvrages collectifs.

Les auteurs et autrices doivent être canadien(ne)s ou vivre au Canada pour être éligibles. Les livres peuvent être mis en nomination par les éditeurs ou les membres de l’ALECC. Les auteurs et autrices nominé(e)s doivent être membres de l’ALECC ou d’une association affiliée à l’ALECC avant le 1er février de l’année désignée pour l’attribution du prix. Les soumissions peuvent être envoyées en anglais, français ou dans une langue autochtone. Le prix de 2018 était ouvert à tous les livres publiés entre le 1er Janvier 2016 et le 31 décembre 2017.